Quelle distance quotidienne est raisonnable avec un chien ?
Quand on prépare son Chemin avec un chien, la question revient toujours : combien de kilomètres par jour peut-il marcher ?
Dans les guides, les étapes classiques sont souvent calibrées pour un marcheur humain en bonne forme : autour de 25 à 30 km par jour. Et c’est très tentant de se caler sur ces étapes toutes tracées, avec leurs hébergements déjà indiqués. Sauf que… avec un chien, ce n’est pas si simple.
Beaucoup de randonneurs appliquent la logique « si je fais 25 km, mon chien aussi ». Mais je préfère ne pas donner de chiffre tout fait. Parce qu’en réalité, ça dépend.
« Mais pourquoi emmener ton chien ? »
Avant même de partir, tu entendras peut-être des voix dissuasives. Parce que, malheureusement, on croise sur le Chemin trop de chiens épuisés, traînés par des gardiens qui n’ont pas su respecter leurs besoins. Coussinets brûlés, fatigue extrême, boiteries… ça arrive, et ça choque ceux qui en sont témoins.
Alors oui, certains te diront : « Laisse ton chien à la maison. » Mais si tu lis ces lignes, c’est que tu as envie de partager ce chemin avec lui. Et que tu veux le faire bien. Tu es au bon endroit.
La différence entre une rando courte et une grande aventure
Mon point de vue, c’est que tout change selon la durée de ton projet.
- Si tu pars une semaine ou deux : ton chien pourra généralement suivre des étapes un peu plus soutenues, parce que l’effort reste ponctuel et limité dans le temps. Il dormira beaucoup le soir, mais une fois rentré à la maison il retrouvera vite son rythme habituel. L’important reste de rester attentif à lui, de lui donner de vraies pauses, et de ne pas le mettre en difficulté.
- • Si tu pars pour plusieurs semaines, voire des mois : la logique change complètement. Là, ce n’est plus une randonnée, c’est une aventure au long cours. Et ton chien, comme toi, a besoin de progresser doucement. Au début, il va se muscler, s’affiner, parfois perdre un peu de poids. Ses coussinets vont s’endurcir, son endurance se construira jour après jour. Mais ça prend du temps.
Au départ, il faut accepter de marcher peu, parfois même moins de 10 km si tu vois qu’il est fatigué. Tu auras peut-être l’impression de « ne pas avancer », mais c’est un investissement pour la suite. Parce qu’après quelques centaines de kilomètres, ton chien sera bien plus solide et capable d’avaler de grosses journées si nécessaire — à condition d’avoir respecté ce temps d’adaptation.
En clair : sur une courte rando, on peut caler ses journées un peu plus facilement. Sur un long chemin, la patience et la progressivité sont la clé.
Mon expérience sur Compostelle
Avec Missak et Ropin, j’ai choisi de les préserver. Au début, on faisait parfois moins de 10 km quand je voyais qu’ils étaient fatigués. Puis, au fil du voyage, notre rythme naturel s’est installé autour de 15 km par jour.
On a eu une étape exceptionnelle à 34 km, en montagne, après déjà 1500 km dans les pattes. C’était leur maximum, et je savais qu’ils en étaient capables. Mais ce n’était pas un objectif : le lendemain, on a réduit pour qu’ils récupèrent.
C’est ça, le Chemin avec un chien : accepter que la distance s’adapte à lui, pas à un plan écrit à l’avance.
Observer ton chien avant tout
Ton chien ne va pas te dire « j’en peux plus ». Mais il te le montrera :
- il ralentit, traîne les pattes,
- il amble (ce trot décalé qu’il prend quand il fatigue),
- il se couche dès qu’il trouve un coin d’ombre,
- il halète plus que d’habitude.
À ce moment-là, peu importe ton programme ou le nombre de kilomètres restants, la bonne décision, c’est de s’arrêter.
La difficulté (et la beauté) du Chemin avec un chien
C’est l’une des particularités de ce voyage : tu ne sais jamais à l’avance combien de kilomètres tu feras dans ta journée. Parfois ton chien sera en pleine forme et avancera avec joie sur 25 km, et parfois il sera déjà épuisé après 12.
Ça peut sembler contraignant : difficile de réserver tous les hébergements à l’avance, et encore moins de suivre à la lettre les étapes des guides. Mais c’est aussi ça, la richesse du Chemin avec un chien : lâcher prise, rester à l’écoute, et accepter de composer chaque jour différemment.
Ton chien est ton compagnon de route, mais aussi ton miroir. Tu es son gardien, il te fait confiance. Et ton rôle, c’est de veiller à ce qu’il ne se fasse pas mal, qu’il garde l’envie et la joie de marcher.
À chaque chien son chemin
Alors, quelle distance quotidienne est raisonnable avec un chien ?
Pour moi, la seule vraie réponse est : celle qui respecte ton chien, ce qu’il est capable de donner aujourd’hui, et pas celle que tu avais notée dans ton programme.
Le Chemin n’est pas une performance. Ce n’est pas une suite de kilomètres à enfiler, mais une aventure à partager. Et pour que cette aventure soit belle, n’oublie pas : à chaque chien son chemin.

